Ministère Ta Mère

Ministère Ta Mère

Ce n'est pas la première fois que le parcours de la galerie veut croiser le chemin des Guerrilla Girls.
Nous les avons accueillies en 2012 pour une performance et une exposition au Palais de Tokyo, dans notre espace éphémère GDM Tokyo.

Nous écrivions alors :
Nous ne sommes pas féministes mais nous pensons que le débat plusieurs fois tenté, en France, sur la représentation des femmes dans les expositions d’art contemporain mérite mieux que deux blagues goguenardes.
Nous ne sommes pas féministes mais nous nous demandons pourquoi un critique malhabile jugeant l’œuvre de David Hammons trop «africaine-américaine» se verrait rapidement qualifié, non sans justification, de raciste ou d’imbécile alors qu’il pourrait sans crainte désigner l’œuvre d’une femme comme trop féminine.
Nous ne sommes pas féministes mais nous nous demandons pourquoi ce même critique (décidément peu pertinent...) trouvant l’œuvre de General Idea trop homosexuelle se verrait immédiatement affublé - avec raison - du terme d’homophobe, alors qu’il peut, sans subir aucun reproche, juger l’œuvre d’une femme trop girly.
Nous ne sommes pas féministes mais sommes dubitatifs quand des acteurs de l’art contemporain affirment qu’une œuvre d’art pertinente est «nécessairement» asexuée.?Nous ne sommes pas féministes mais nous demandons sérieusement si l’art asexué est autre chose qu’un art trop évidemment masculin comme l’art dit international fut rarement autre chose qu’un art occidental, principalement américain.
Nous ne sommes pas féministes mais nous demandons pourquoi et comment le terme féministe est devenu, en France, presque péjoratif.?Nous ne sommes pas féministes mais nous demandons pourquoi tout le monde n’est pas féministe.?Nous ne sommes pas féministes mais nous avions un fort désir d’inviter les Guerrilla Girls, particulièrement ici, à Paris.
Nous n'avons aujourd'hui rien à changer à ce court texte…
Et nous sommes très heureux de pouvoir présenter de nouveau des œuvres de ce collectif historique.

Nous le sommes tout autant de présenter ou de représenter des œuvres de femmes qui dessinent des identités féminines singulières. Soit en se confrontant aux attributs habituellement associés à la féminité, soit, au contraire, en s'appropriant des pratiques et des espaces plus souvent réservés aux hommes.

Mais Ministère Ta Mère veut tout autant poser la question du nom, en général, qui toujours tient du symbolique.
Rendons d'ailleurs à Cesar ce qui lui appartient : sans le Ministère des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes nous n'aurions pas choisi ce titre d'exposition.
La désignation du nouveau ministère des Familles n'a rien d'innocent et les contorsions langagières auxquelles se sont livrés ses défenseurs ont tout pour nous rappeler l'attention que nous devons porter au symbolique.
Une désignation, politique, sociale, artistique, ne désigne pas seulement. Ou plutôt, l'acte de désignation fonde en même temps une culture.
Le temps d'une exposition, nous voulions aussi interroger cette fonction du nom.